C'est un internaute qui nous a posé la question, en nous livrant son témoignage:
"Je suis devenu sourd profond bilatéral: une chute dans un escalier et trois semaines de coma en 2003. Je suis un miraculé. J'ai été implanté à Clermont-Ferrand avec un implant cochléaire et ça marche. Ma démarche est de savoir pourquoi les associations du langage des signes montrent autant de ferveur contre cette avancée technologique qui va révolutionner le domaine dans les dix ans à venir."
Le débat n'est hélas pas nouveau. Dès 1993, des tracts circulent, très violents:
"La France ferme les yeux devant cette pratique de torture légale."
"Stop à la vivisection humaine!"
"Les implants œuvrent pour la purification ethnique."
Comment cette intervention médicale peut-elle être vécue comme une avancée technologique révolutionnaire par les uns, et comme une pratique de torture par les autres? Le débat sur l'implant cochléaire est très sensible et semble soulever des traumatismes plus profonds. Evoquer cet implant va bien au-delà de l'acte médical strict car cela touche à la perception même de la surdité et sa place dans la société.
Mais qu'est-ce qu'un implant cochléaire? En quoi est-il différent d'une simple prothèse auditive?
L'implant perçu comme une menace
Support idéal, le Net est le lieu privilégié des discussions autour de l'implant cochléaire. Partout, des forums ou des sites fleurissent, livrant des témoignages et des réactions à fleur de peau, où l'émotion est omniprésente.
Ainsi le site consacré à la petite Mathilde, implantée toute jeune, montre une vidéo de la première fois qu'elle entend. Le site du Centre d'information sur la surdité et l'implant cochléaire regorge également de témoignages, comme celui de Stéphane qui a perdu peu à peu l'ouïe avant d'être implanté à 35 ans, ou celui de Mèryam, implantée à 11 ans.
Tous montrent les difficultés d'une telle opération et les joies qui en découlent. On trouve, enfin, ce très beau débat, suite à la question sur l'implant d'une maman désemparée.
A l'inverse, les forums dénonçant l'implant sont également très présents: sur ce forum d'Aufeminin.com, on trouve des posts intitulés: "Je suis contre l'implant cochléaire", "Implant grrr!" De même, sur un site algérien annonçant des poses d'implants, presque toutes les réactions évoquent le "danger" de l'appareil, l'absence de "respect éthique", la position de "cobaye" des enfants. Sur Sourds.net, on trouve ce forum: "Pour ceux qui sont contre les implants, aidez-moi."
Manque d'information? Pour certains sans doute, qui pensent que l'implant est installé dans le cerveau et qu'il est douloureux. Peur? Très certainement. Peur de voir la communauté sourde diminuer et disparaître, et avec elle la langue des signes. L'implant est alors perçu comme une menace. Mais surtout, c'est la perception du sourd qui est en cause. Il est clairement désigné comme handicapé.
L'appartenance à une communauté très spéciale
En effet, une phrase revient très souvent dans les témoignages de sourds congénitaux opposés à ce type d'implants, qu'ils voient comme une volonté de "réparer la surdité, comme si c'était une maladie". Ainsi une lettre de 2007 adressée aux médias explique:
"Nous rappelons que la surdité n'est pas une maladie et que les personnes sourdes ne sont pas des cobayes."
Une autre phrase est très présente dans les mêmes types de texte:
"Ce n'est pas nous qui sommes handicapés. C'est la société qui nous handicape."
Et d'évoquer la "culture des sourds", si belle et si riche. Car pour ceux qui n'ont jamais entendu, encore plus dans les familles où l'on est sourd de génération en génération, la surdité est souvent vécue comme l'appartenance à une communauté très spéciale.
Devenir un sourd qui entend
Pour autant, acquérir un implant signifie-t-il forcément tourner le dos à la communauté sourde? Non, affirme Claude Fugain, pour qui, au contraire, un sourd trouve là le moyen de rejoindre le monde des entendants. Il reste sourd mais il entend également. Et vit dans les deux mondes (...)
Ver mais aqui - http://www.rue89.com/2008/06/27/implants-chez-les-sourds-quand-va-t-on-sentendre
"Je suis devenu sourd profond bilatéral: une chute dans un escalier et trois semaines de coma en 2003. Je suis un miraculé. J'ai été implanté à Clermont-Ferrand avec un implant cochléaire et ça marche. Ma démarche est de savoir pourquoi les associations du langage des signes montrent autant de ferveur contre cette avancée technologique qui va révolutionner le domaine dans les dix ans à venir."
Le débat n'est hélas pas nouveau. Dès 1993, des tracts circulent, très violents:
"La France ferme les yeux devant cette pratique de torture légale."
"Stop à la vivisection humaine!"
"Les implants œuvrent pour la purification ethnique."
Comment cette intervention médicale peut-elle être vécue comme une avancée technologique révolutionnaire par les uns, et comme une pratique de torture par les autres? Le débat sur l'implant cochléaire est très sensible et semble soulever des traumatismes plus profonds. Evoquer cet implant va bien au-delà de l'acte médical strict car cela touche à la perception même de la surdité et sa place dans la société.
Mais qu'est-ce qu'un implant cochléaire? En quoi est-il différent d'une simple prothèse auditive?
L'implant perçu comme une menace
Support idéal, le Net est le lieu privilégié des discussions autour de l'implant cochléaire. Partout, des forums ou des sites fleurissent, livrant des témoignages et des réactions à fleur de peau, où l'émotion est omniprésente.
Ainsi le site consacré à la petite Mathilde, implantée toute jeune, montre une vidéo de la première fois qu'elle entend. Le site du Centre d'information sur la surdité et l'implant cochléaire regorge également de témoignages, comme celui de Stéphane qui a perdu peu à peu l'ouïe avant d'être implanté à 35 ans, ou celui de Mèryam, implantée à 11 ans.
Tous montrent les difficultés d'une telle opération et les joies qui en découlent. On trouve, enfin, ce très beau débat, suite à la question sur l'implant d'une maman désemparée.
A l'inverse, les forums dénonçant l'implant sont également très présents: sur ce forum d'Aufeminin.com, on trouve des posts intitulés: "Je suis contre l'implant cochléaire", "Implant grrr!" De même, sur un site algérien annonçant des poses d'implants, presque toutes les réactions évoquent le "danger" de l'appareil, l'absence de "respect éthique", la position de "cobaye" des enfants. Sur Sourds.net, on trouve ce forum: "Pour ceux qui sont contre les implants, aidez-moi."
Manque d'information? Pour certains sans doute, qui pensent que l'implant est installé dans le cerveau et qu'il est douloureux. Peur? Très certainement. Peur de voir la communauté sourde diminuer et disparaître, et avec elle la langue des signes. L'implant est alors perçu comme une menace. Mais surtout, c'est la perception du sourd qui est en cause. Il est clairement désigné comme handicapé.
L'appartenance à une communauté très spéciale
En effet, une phrase revient très souvent dans les témoignages de sourds congénitaux opposés à ce type d'implants, qu'ils voient comme une volonté de "réparer la surdité, comme si c'était une maladie". Ainsi une lettre de 2007 adressée aux médias explique:
"Nous rappelons que la surdité n'est pas une maladie et que les personnes sourdes ne sont pas des cobayes."
Une autre phrase est très présente dans les mêmes types de texte:
"Ce n'est pas nous qui sommes handicapés. C'est la société qui nous handicape."
Et d'évoquer la "culture des sourds", si belle et si riche. Car pour ceux qui n'ont jamais entendu, encore plus dans les familles où l'on est sourd de génération en génération, la surdité est souvent vécue comme l'appartenance à une communauté très spéciale.
Devenir un sourd qui entend
Pour autant, acquérir un implant signifie-t-il forcément tourner le dos à la communauté sourde? Non, affirme Claude Fugain, pour qui, au contraire, un sourd trouve là le moyen de rejoindre le monde des entendants. Il reste sourd mais il entend également. Et vit dans les deux mondes (...)
Ver mais aqui - http://www.rue89.com/2008/06/27/implants-chez-les-sourds-quand-va-t-on-sentendre